Festival International de la langue et de la culture créole
célébré à Maurice en 2006

Thème : Kreol, Afirm to lexistans, Selebre nou valer

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Pour la première fois à Maurice


 

Dans le cadre du festival international de la langue et de la culture, diverses activités ont ainsi été élaborées pour:

  • Faire un état des lieux de la culture créole dans la variété de ses expressions-religieuses, culturelles et sociales à Maurice.
  • Faire le point sur le débat qui a agité la société mauricienne à propos du malaise créole.
  • Faire mieux connaître les études universitaires qui ont été entreprises durant cette dernière décennie autour de la question créole.

CALENDRIER DES ACTIVITES

28 0KTOB : Kolez Saint Andrews, Rose Hill, organize par Bible Society

10:00-13:30 : Atelie lekritir an kreol (Grafi-Larmoni)

14:00-15:00 : Lansman Levanzil Zan + CD

5 NOVAM : Plas Katedral, Porlwi.

8:30-13:00 : Lafwar Fam Antreprener Kreol

13:30-17:00 : Lames (P. Jocelyn Gregoire)

17:30-20:00 : Konser (Responsab: Sandra Mayotte ek Gerard Louise)

8 NOVAM : Konferans Deba, Lasal Minisipalite Curepipe

‘Kiltir ek lidership parmi kreol’

12 NOVAM 

9:30-16:00 : Festival Kantik Kreol, Souillac

MEMBRES DU COMITE ORGANISATEUR

Mario Jolicoeur, Jimmy Harmon, Marjorie Desvaux, Gérard Louise, Lindsay Morvan, Danielle Palmyre-Florigny, Alain Romaine, Jocelyn Gregoire, Marc Etive, Mary Jolicoeur, J.Claude Jance, J.Claude Pitois, Laval Bablee, Jacques Bindha, Wideley Clélie, Jean-Maurice Labour (coordonateur)

ETUDE DU MONDE KREOL A MAURICE

BIBLIOGRAPHIE (Liste non-exhaustive)

1970

  1. DELFORGE Guy (1972) La vie sociale dans les cités C.H.A et E.D.C, 1972-Les créoles et l’Eglise in «Créole et Culture», 1992.
  2. BENOIT Norbert (1979) Cultures indienne et créole à L’Ile Maurice (Colloque tenu aux Seychelles du 20-27 mai 1979).

1980

  1. ALLEN A.R. Creoles, Indian immigrants and the restructruirng of scoiety and economy, 1767-1885; University of Illinois at Urbana, CHampaign 1983, ( Phd Thesis).

1990

  1. LAU THI KENG J._C (1991) Inter-ethnicité et politique à l’Ile Maurice, Coll. Repères pour Madagascar et l’Océan Indien, L’Harmattan, Paris.
  2. EVE Prosper (1992) ILE A PEUR, la peur redoutée ou récupérée à la Réunion des origines à nos jours, Saint-André, Réunion, Océan Indien.
  3. CERVEAUX Roger (1993) Le malaise créole, Interview Week-End.
  4. PIAT EVENOR Maurice (1993) Réflexions sur le malaise créole (Lettre Pastorale).
  5. Etude des comportements religieux en monde populaire créole (1995) Le Thabor. Ile Maurice.
  6. RASAMOELINA Vachavy (1995) Situation des kreols mauriciens.
  7. VICTOIRE Louis Sylvain (1996) Faire Eglise autrement à L’Ile Maurice, une relecture théologique du débat sur le fait créole.
  8. MOUTOU Benjamin (1996) Les Chrétiens à L’Ile Maurice.
  9. ASGARALLY I. (1997) Etude pluridisciplinaire sur l’exclusion à Maurice, Rapport final, Governement Printer, Mauritius.
  10. ERIKSEN Thomas (1998) Common denominators, Ethnicity, antion-building and compromise in Mauritius, Oxford, Ed.Berg
  11. NAGAPEN Amédé (1999) Le marronage à l’Isle de France-Ile maurice, Rêve ou riposte de l’esclave?, Centre Culturel Africain, Centre Nelson Mandela pour la culture africaine, Port Louis.

2000

  1. CHAN LOW J. & REDDI S (2000) Malaise créole - «Towards a new identity?» in S.NIRSIMLOO-GAYAN (ed), Towards the making of a multi-cultural society, MGI, Moka, 228-237.
  2. CARPOORAN Arnaud (2002) «Créole, créolité, créolisation: les contours d’une terminologie floue», Revi Kiltir Kreol, Nelson Mandela for African Culture, No.1, February 2002, 1-13
  3. Revue Marye Pike (2002) Quand l’Evangile rencontre la culture créole.
  4. ROMAINE Alain (2003) Religion populaire et pastorale créole à L’Ile Maurice.
  5. PALMYRE-FLORIGNY Danielle (2004) Culture Créole et foi chrétienne à l’Ile Maurice, Lecture Anthropo-théologique.
  6. VEDER Jean-Claude (2004) Dire Dieu jusqu’à le célébrer ensemble.
  7. ROMAINE Alain (2006) Les noms de la honte. Stigmates de l’esclavage.

Pour le premier festival international créole:
Un concert qui durera toute la nuit

CULTURE: Affirmation identitaire

La langue et la culture créole célébrées

Dans le cadre du Festival international de la langue et de la culture créoles, le Comité 1er Fevrie organise une série d'activités pour marquer pour la première fois cet événement à Maurice. Ces activités s'échelonneront du 28 octobre au 11 novembre à travers le pays.

Selon le père Jean-Maurice Labour, coordonnateur du Comité 1er Fevrie, ce festival de la créolité est célébré à travers le monde entier. "Mais pas comme il se doit à Maurice", a-t-il précisé ce midi lors d'une rencontre avec la presse à la Cure de la Cathédrale St-Louis, pour donner les détails du programme du festival à Maurice. "Il y a même eu dans le passé, des personnes qui se sont déplacées aux Seychelles pour célébrer ce festival, alors qu'il n'y avait rien à Maurice", a-t-il ajouté.

Jean-Maurice Labour a expliqué que la célébration du Festival international de la langue et de la culture créoles à Maurice aura pour thème: "Kreol, Afirm to lexistans, Selebre nou valer". Et d'ajouter que cet événement comporte trois objectifs: "D'abord faire un état des lieux de la culture créole dans la variété de ses expressions religieuses, culturelles et sociales chez nous. Puis de faire le point sur le débat qui a agité la société mauricienne à propos du "malaise créole". Et enfin, de mieux faire connaître les études universitaires qui ont été entreprises durant ces trois dernières décennies autour de la question créole", a-t-il affirmé.

Selon le coordonnateur du Comité 1er Fevrie, "on ne parle plus aujourd'hui de "malaise créole", mais d'un "fait créole", qui demande àêtre valorisé". D'où les trois objectifs évoqués plus haut, soutient-il. Pour atteindre ceux-ci, le Comité 1er Fevrie organise respectivement un atelier de travail autour d'une orthographe du créole, la Grafi Larmoni, une foire des femmes-entrepreneurs créoles, une cérémonie religieuse (messe), un concert, une conférence-débat, et un festival de cantiques créoles.

Pour Marc Etive, de la Société Biblique, l'atelier sur l'écriture du créole aura lieu le 28 octobre au collège St Andrew's, à Rose-Hill. Il aura pour thème "Lir, sante, ekou Parol Bondie en kreol", et entend valoriser davantage cette écriture. Un CD sur "Levanzil Zan" sera lancé à cette occasion.

D'après les indications de Mary Jolicoeur, membre du comité, la foire des femmes-entrepreneurs créoles, qui se tiendra le 5 novembre sur la place de la Cathédrale, donnera l'occasion à celles-ci de mieux faire connaître leurs produits. Une messe marquera également cette journée qui culminera par un concert. "Les artistes ont toujours été les premiers à affirmer leur créolité", a argué pour sa part Sandra Mayotte (chanteuse et animatrice radio), présente également à la conférence de presse.

Pour Lindsay Morvan, ce festival sera aussi l'occasion pour une conférence-débat, qui se tiendra à la Salle des fêtes de la mairie de Curepipe. Ayant pour thème "Kiltir ek lidersip parmi kreol", cette conférence-débats verra la participation de plusieurs intellectuels.

Jean-Claude Jance a, lui, parlé du "Festival kantik kreol" qui se tiendra le 12 novembre à l'église de St Jacques, à Souillac, avec la participation de plusieurs chorales du sud. "N'oublions pas que la culture créole est enracinée dans sa foi", a-t-il souligné.

Pour sa part, Jimmy Harmon a évoqué les nombreuses études réalisées sur la culture créole. "Dommage que jusqu'ici ces études n'ont été cantonnées qu'au circuit universitaire", a-t-il soutenu. "Nous visons donc à mieux les faire connaître du grand public", dit-il.

Le père Jocelyn Grégoire a précisé, quant à lui, que l'action du Comité 1er Fevrie n'est pas à caractère revendi catif. "Nou pa pe revandik narien, me nou pe affirm kiksoz ki deza existe", déclare-t-il.

Quand l’Eglise rencontre le peuple Kreol!

Chaque année depuis 1983, le 28 octobre est une occasion pour célébrer la langue et la culture créoles au Canada, en Louisiane, aux Antilles, Les Seychelles, L’Ile de La Réunion et à travers d’autres pays et communautés ayant le Créole en partage, soit plus de 10 millions de personnes à travers le monde. L’Eglise Catholique de Maurice fête pour la première fois du 28 octobre au 11 novembre 2006 le Festival Kreol avec pour thème: «Kreol afirm to lexistans, Selebre nou valer».

Le Comité Organisateur présidé par le Vicaire–Général Jean Maurice Labour vise à faire à travers cette célébration les objectifs suivants:

  1. faire un état des lieux de langue kreol,
  2. le parcours de l’Eglise face au malaise créole et l’ensemble du pays,
  3. valoriser les différentes expressions de la créolité,
  4. vulgariser les études (méconnues) menées dans le monde kreol.

La reconnaissance du «fait kreol» est sans nul doute l’un des traits évolutifs les plus marquants dans l’histoire contemporaine de l’Eglise catholique à Maurice. Aujourd’hui, ce choix de l’Eglise rejoint l’un des grands appels du Synode (2000) qui demande que l’Evangile soit annoncé, ancré et vécu dans la culture créole. Une culture d’où est d’ailleurs issue la masse de la population catholique mauricienne.

Assimilée au fourre-tout de la population générale puis à la penderie africaine, la culture créole à Maurice est encore au stade de l’émergence dans une société ou elle doit hurler pour se faire reconnaître. La culture créole est une réalité spécifique, propre à l’histoire des îles colonisées façonnée par la lutte et l’émancipation des hommes et des femmes arrachées de l’Afrique noire. Ceci, par le travail d’un métissage donnant naissance à une culture propre dont les composantes sont inédites : langue, croyances, coutumes, aptitudes, valeurs et conception du monde.

L’Evangile ne surgit jamais, de manière spontanée, d’aucun terreau culturel. «La foi vient de ce que l’on entend» (Rm 10,17). Depuis l’encyclique Maximum illud (1919) de Benoit XV, les textes d’Evangeli praecones (1951) de Pie XII et l’impulsion donnée par Jean XXIII qui inaugura l’aggiornamento, et plus récemment Redemptoris Missio (1990) et Ecclesia in Africa (1995), l’Eglise réitère la capacité du christianisme à «informer» chaque culture sans s’assujettir à aucune. On voit bien qu’on est loin de la mission civilisatrice de l’Eglise à l’ère coloniale ou se côtoyaient sur le même négrier le missionnaire, le militaire et le marchand. La mission évangélisatrice de l’Eglise n’est plus la christianisation du monde.

Et c’est là que le concept d’inculturation ou de contextualisation (chez les protestants) devient une démarche intéressante. Concept proprement théologique, emprunté à l’anthropologie d’apparition récente, l’inculturation exprime la présence et l’action mystérieuse du Christ ou de son Evangile au sein d’une culture d’accueil qui se met sous son influence.

La scène mauricienne présente une multiculturalité originale. L’Eglise locale évolue au carrefour de différentes cultures. Elle doit réaliser sa mission dans ce contexte particulier. Elle doit pouvoir reconnaître explicitement les cultures qui la traversent pour contribuer à l’émergence d’un christianisme aux traits mauriciens. (A.Romaine, Marye Pike, 2002). En effet, l’annonce de l’Evangile au sein d’une culture met en mouvement l’une et l’autre. Entre la foi et la culture, en effet, le mouvement n’est pas à sens unique: il y a un «donner» et un «recevoir».

Pour R.Zimmermann (2002), cela permet de comprendre que l’«inculturation» s’inscrit dans la longue histoire de l’Alliance que Dieu propose aux hommes, d’abord à travers un peuple, puis à travers son Envoyé, Jésus le Christ. Cette alliance prendra des couleurs différentes selon les cultures dans lesquelles elle s’exprimera, mais toutes ces figures se rejoignent dans le même fleuve de vie qu’est l’amour de dieu répandu dans toute la création.

Cette nouvelle perspective d’évangélisation au sein de l’Eglise permet d’offrir une source d’inspiration créatrice, libératrice et d’accomplissement au peuple kreol. Elle comporte aussi des questions voire des surprises pour l’Eglise et pour le pays.

Il est probablement prématuré pour expliciter ces questions ou interrogations. Par contre la réponse à ces questions dépendra avant tout de l’engagement généreux et respectueux au service de l’Evangile aujourd’hui par tous ceux engagés (ecclésial et laïc) dans cette dynamique.

Jimmy Harmon
Membre du Comité Organisateur

 

Citadelle
 
Port-Louis: la Citadelle vue depuis l'hippodrome. Photo F.P.