Piton des neiges

Le cirque de Mafate avec La Nouvelle et le Piton des Neiges vus depuis le Maido.
Photo F.Palli

 

La Réunion, terre de contrastes et d¹unité


Dans l¹océan Indien, la Réunion a surgi des entrailles de la terre, il y a quelque soixante millions d¹années. C¹est aujourd¹hui un cône d¹environ 2.500 km2 dont le point culminant, le Piton des Neiges, affiche une altitude de  3.069 mètres, légèrement au nord du tropique du Capricorne, à 700 km de Madagascar et à 200 km de l¹île Maurice.

Terre de contraste du relief

Le voyageur, dans la descente vers l¹aéroport international, découvre une terre escarpée, ciselée sur vingt cinq km d¹un ourlet blanc, la barrière corallienne de la région des plages et  de sculptures noires, là où la lave du volcan, au cours des siècles et encore très récemment, est venue se jeter dans la mer. Et très vite s¹offre à lui l¹océan verdoyant de la canne à sucre. Avec au centre de l¹île, la tâche rougeâtre et noirâtre du Piton de la Fournaise, un des volcans les actifs de la planète, et les béances des cirques, nés d¹effondrements  du volcan originel où la forêt primaire ou replantée par l¹homme déploie ses vertes frondaisons. C¹est l¹île intense, ainsi baptisée par les opérateurs touristiques. Une intensité basée sur le contraste du relief.

Terre de haute technologie

Contraste également pour l¹économie. De l¹ère du café, La Réunion qui s¹appelait alors Bourbon est passée, au début du 19ème siècle, à celle de la canne à sucre. Aujourd¹hui encore, cinq mille planteurs dont la majorité travaillent moins de dix hectares, portent chaque année dans les deux usines sucrières de l¹île quelque deux millions de tonnes de cannes. Une production «tiers-mondiste» qui contraste avec la multiplication des entreprises de haute technologie basée sur la recherche/développement - l¹île vient d¹obtenir le label d¹excellence dans le domaine de la  nutrition tropicale - ; va voir l¹installation d¹un cyclotron ; travaille à la constitution de technopoles où se complètent entreprises de pointe et scientifiques oeuvrant dans le domaine de la recherche/développement, etc.                

Terre d¹exclusion sociale

Ce choc de deux mondes - auquel il convient d¹ajouter les quelque 25.000 fonctionnaires dont le traitement est bonifié de 33 % à 70 % par rapport à celui de leurs collègues métropolitains - en a créé un troisième, celui de l¹exclusion, des laissés pour compte de la dynamique économique reconnue par tous.
Et si les pouvoirs publics ont réussi à effacer les grands bidonvilles nés, dans les années soixante/ soixante-dix, de la crise de la société de plantation, les chiffres de l¹exclusion et de la précarité sont saisissants et s¹égrènent comme une longue litanie d¹une misère à peine compensée par les revenus de la solidarité : 90 à 120.000 chômeurs selon le mode de calcul, 70.000 bénéficiaires du revenu minimum d¹insertion, une crise du logement qui s¹amplifie, un désenchantement des diplômés en marge du monde du travail, des planteurs inquiets à cause du nouveau mode règlement sucrier européen prévoyant une baisse de 37 % du prix du sucre et des quotas protégés.   

Terre indocéanique

Un contraste géographique, économique, social qui s¹accompagne d¹un contraste institutionnel. La seule évocation d¹une possible modification du statut de l¹île,  même mineure, entraîne des réactions affectives débouchant sur des débats enflammés, voire sur des manifestations de masse heureusement pacifiques. La Réunion est, depuis mars 1946, un département français d¹Outremer, une région ultrapériphérique de l¹Europe dans l¹Océan Indien. Elle est aussi, depuis 1984, membre de la Commission de l¹Océan Indien qui rassemble, outre France/Réunion, Madagascar, Maurice, les Seychelles et l¹Union des Comores. Et depuis quelques années, elle développe une politique de recentrage qui l¹a conduit, avec la France ou en son nom, d¹être membre observateur de l¹Indian Ocean Rime, de la SADC et du COMESA, organisations régionales du bassin de l¹Océan Indien, de l¹Afrique Australe et de l¹Afrique de l¹Est.
De plus, par l¹intermédiaire du Conseil régional, La Réunion développe, depuis quelques années, une politique de contacts avec ce que l¹on appelle les pays de peuplement : Chine, Inde, Mozambique... Française, européenne, Indocéanique, La Réunion peut au final, devenir une interface entre l¹Europe et l¹Asie et faire de cette position un atout majeur pour le développement de l¹île.

Terre de métissage culturel

Cette terre de contrastes est aussi une terre d¹unité, de métissage culturel. Elle a été peuplée dans la souffrance de l¹esclavage, de l¹engagisme et du colonialisme. Du 18ème siècle au début du 20ème siècle sont arrivées, par strates successives, des femmes et des hommes venus d¹Europe, de Madagascar, d¹Afrique, d¹Inde (hindouistes et musulmans), de Chine... Les cultures se sont enrichies les unes des autres. Et  dans les année soixante-dix, la créolité s¹est affirmée pour devenir un ferment d¹unité qui reste constamment à consolider. Des fête comme celles de l¹abolition de l¹esclavage, de la semaine créole, du Dipavali, de l¹anniversaire de Guan Di deviennent aujourd¹hui le bien commun au même titre que la cuisine venue de quatre continents ou la langue qui s¹est  enrichie des apports successifs. Mais tout cela ne va pas sans luttes, sans reculs, sans expression même du rejet du métissage comme on a pu le voir récemment dans «Thalassa», célèbre émission de la télévision française. C¹est pourquoi des initiatives comme le Dialogue inter-religieux ou la Maison des civilisations et de l¹unité réunionnaise portée par le Conseil régional et une partie du mouvement associatif culturel peuvent permettre de jeter un pont entre les différents apports cultuels et culturels et contribuer à renforcer l¹unité culturelle des Réunionnaises et des Réunionnais.