Festival International Créole 1 - 3 décembre 2006 |
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Quelle était la raison d'être, la pertinence, du Festival international créole? Je suis quelque peu surpris qu'aujourd'hui, tout le monde se clame Créole, ce mot jadis tabou et méprisé, tant pour la langue qu'il décrivait que pour le peuple qu'il désignait, et tente, en même temps, de culpabiliser ceux qui, de par leurs origines, ont constitué le fondement même de ce peuple et ont créé cette langue aujourd'hui reconnue comme «le ciment de la société mauricienne». Il faut se rappeler que dans plusieurs rapports officiels des Nations unies sur la République de Maurice, le mot Créole désigne un peuple minoritaire de cette République multiculturelle. Comme l'a si bien précisé Xavier-Luc Duval, ce présent événement s'insère dans une logique de valorisation et motivation de fierté pour ce peuple créole qui a beaucoup contribué dans le développement de notre pays, mais dont la langue, la culture et la personnalité même ont toujours été non-reconnues, sinon méprisées. La couleur créole étant ainsi invisible dans cet arc-en-ciel mauricien dont nous nous vantons pour attirer ces milliers de touristes venant des quatre coins du monde. D'autre part, le ministère du Tourisme a aussi voulu profiter de l'occasion pour faire de cet évènement une opportunité de créer une visibilité culturelle de la destination Maurice dans le domaine touristique. Par ailleurs, déjà depuis l'avènement du malaise créole, l'Église a reconnu le fait créole et a encouragé l'intégration de la culture créole au sein même du diocèse. Il est tout à fait normal aujourd'hui que l'État en fasse de même. Et la carte officielle, avec le sceau de la République, rédigée en créole est un signal fort de cette cette reconnaissance et de cette valorisation. Et quel bilan faîtes-vous de ce premier Festival? Il est évident que cela a été un très grand succès, tant au niveau organisationnel qu'à celui de mobilisation des Mauriciens. Loin d'une la faya, ce Festival a été une occasion de partage, de réflexion, de cuisine, de musique, de poèmes et surtout de ce fait créole dans l'affirmation et la fierté. La conférence a permis aux Mauriciens de tous niveaux intellectuels de venir entendre ce qu'on discute sur la créolité et le peuple créole. Nous n'avions surtout pas voulu que ce genre de discussion se fasse uniquement entre une élite intellectuelle. Il fallait que le Mauricien de quelque niveau académique qu'il soit, puisse aussi bien entendre tant les grands conférenciers créoles de la diaspora que les locaux parler de leur passé, leur présent et leur devenir. L'atelier des artistes a permis aux compositeurs et artistes locaux, surtout ceux ne participant pas au concert, de pouvoir faire des échanges et partages avec les artistes internationaux qu'ils n'auraient peut-être jamais rêvé de rencontrer.
La soirée poésie a permis de déguster les talents, les poèmes et chansons créoles accompagnés des menus de différentes îles créoles. Le concert a été un total succès de mobilisation familiale dans l'ordre, le respect et l'enthousiasme. Les différents restaurants du Domaine les Pailles ont vite épuisé leurs menus des différents pays créoles dimanche. Le comité d'organisation ainsi que le ministère du Tourisme ont tout lieu d'entre satisfaits. Quel suivi, surtout en ce qui concerne les échanges entres intellectuels ? Il y a eu des discussions très intéressantes durant le colloque qui a suivi la conférence, avec la participation d'une centaine de personnes, dont des journalistes étrangers. Trois résolutions furent adoptées par l'assemblée. Le Pr Felix Prudent a fait deux propositions qui ont été adoptées à l'unanimité comme des résolutions. D'abord l'introduction de la langue créole dans l'Education nationale, surtout avec l'adoption du Grafi Larmoni et l'application de cette langue créole avec succès dans au moins onze écoles pré-vocationelles du BEC. La deuxième proposition du Pr Prudent, qui rejoignait en fait la revendication des organisations créoles, fut la reconnaissance du peuple créole dans la Constitution de la République de Maurice. Furent aussi proposés et adoptés à l'unanimité, l'établissement d'un centre culturel créole ainsi qu'un institut créole. Le souhait d'un suivi de ces résolutions auprès des autorités concernées a été exprimé par l'assemblée du colloque pour leur application. J'espère pour ma part que ces résolutions feront l'objet de discussion dépassionnée par nos décideurs. Acheminons-nous vers une prochaine édition l'an prochain ? Xavier-Luc Duval a été très clair là-dessus. Cet événement doit être pérennisé et doit être organisé avec la même ferveur et être de la même envergure annuellement. Nous rejoindrons ainsi les Seychelles, Montréal, Toronto, La Réunion, les îles des Caraïbes et même l'Australie, qui prépare son premier Festival international créole pour octobre 2007.
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