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Festival international Kreol de l'Île Maurice

2009

Évènement

Aline Groëme-Harmon

 

Lexpress Maurice, 30.11.2009

 

 

Deuxième Festival International créole
Le nouveau logo du Festival Kreol 2007 a été réalisé par la société Mosaic. Le logo représente un dodo. Symbole de l’identité nationale, atout unique de Maurice, et connu de part le monde. Les couleurs illustrent soleil, métissage, unité, authenticité… Autant de thèmes qui correspondent à l’esprit du Festival.

Qu'est-ce qu'être créole? Quelles sont les richesses de la langue et de la culture, qu'il faut préserver? Eléments de réponse avec le chanteur Bruno Raya, le linguiste Jean Bernabé et le poète Michel Savy, qui ont ouverts la quatrième édition du Festival International Kreol.

Se vivre créole à la face du monde. Vaste champ d'expériences. Mais comment s'y prendre réellement? Ce sont ces pistes-là qu'ont exploré les trois intervenants à la konferans, activité d'ouverture de la quatrième édition du Festival International Kreol.

C'était samedi, au centre de conférences à Grand-Baie. Sans doute le plus attendu des trois intervenants – sans chauvinisme aucun – Bruno Raya. Parce qu'il est l'animateur de télévision qui a popularisé l'expression, «bonnto».

Qu'il est au cœur de Otentik Street Brothers (OSB). Mais surtout pour le chemin parcouru du «ghetto» à une conférence à laquelle le linguiste martiniquais Jean Bernabé a apporté sa caution intellectuelle.

Et sur laquelle le poète Michel Savy a saupoudré une parcelle du vécu seychellois.

De quoi Bruno Raya a-t il choisi de nous parler? De ce qu'il connaît le mieux : le langage de son quotidien, du «ghetto créole», langage des banlieues, des cités, en opposition au queen créole, le registre des «boss», des bourgeois, des «sosiab». En somme de l'évolution - parallèle? – de la langue.

Au-delà des sourires que suscitent les savoureux, «drese partou», «siloy», des «mo pe demay lakaz», ou le plus élaboré, «Mike Tyson inn manz sa girfi la enn gos, enn dife dan mas gaz enn sel kou televizion briye» (Mike Tyson a mis son adversaire k.o d'un direct du gauche), c'est avant tout une fierté qu'a exprimé Bruno Raya.

La fierté d'avoir transformé ce qui au départ est un handicap - le ghetto, une région, un quartier, une cité défavorisée - en atout. En différence. En avenir. De la subversion oui.

Mais sans vulgarité, précise Bruno Raya. Lui qui s'est dit ravi d'entendre des politiques - il citera l'Attorney General et le ministre du Tourisme – qui utilisent le désormais célèbre «bonnto». «C'est un langage qu'il faut adapter aux lieux et aux gens», a reconnu l'intervenant.

«Li pa enn langaz ki koz partou sa. Mo partaz le kote geto, mo pa impoz li.»Avant de remarquer que, parfois les politiques ont sous les yeux un discours écrit en anglais, mais qu'ils préfèrent s'adresser à l'assistance en créole Capacité d'adaptation.

Essence de la langue créole. Expérience vécue à l'appui, Bruno Raya, qui au sein du Kolektif Revey Twa, participe à la sensibilisation pour se protéger du sida, a expliqué que dans les cités le message a plus de chances d'atteindre sa cible en ces termes: «Met pardesi parski letan move deor.»Ou encore, «Met elmet kan mont motosiklet.»

En sus des analogies imagées, existe aussi, dans le ghetto créole, une dimension codée. Qui apparaît, a expliqué Bruno Raya, quand le locuteur n'a pas confiance en quelqu'un d'autre, «nou pa anvi li kompran seki nou pe dir». L'intervenant a également abordé la dimension des emprunts. «Ena foi bann kamarad dir: Kave Bruno, rien pou le pov? Mo dir zot naiba».

Richesses de la créativité que Jean Bernabé, linguiste martiniquais - qui a participé avec Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant à «Éloge de la créolité» - a porté vers d'autres sommets. Son défi, sortir des lieux communs, des banalités. Pour dégager la personne créole comme un homme neuf, «relié non pas au droit du sang mais au droit du sol.

On est créole non pas en fonction de ses ancêtres mais de l'appartenance à une même communauté située dans un lieu nouveau».

Essentiellement dans les îles. Ce qui lui fait dire que, «la Guyane est une île à condition de considérer que l'Amazonie est une mer de verdure, un sol imaginaire». D'où l'appel, dans la créolité au, «partage des ancêtres, au partage de leurs émotions fondamentales. C'est pourquoi, plus encore que l'île, la créolité est un archipel. Il n'y a pas d'île créole isolée».

D'où la nécessité, pour Jean Bernabé, de dépasser l'insularité. Car «être créole ce n'est pas seulement naître créole, c'est devenir créole. On se créolise en acceptant les valeurs de la créolité».

Le troisième intervenant était le poète seychellois Michel Savy. Qui, dans le même esprit que Jean Bernabé et Bruno Raya, a estimé qu’il n'est, «pas suffisant de revendiquer mais de vivre la créolité». Et qu'il faut pour cela être à la fois digne et solidaire. Pour Michel Savy, un Festival Kreol une fois l'an n'est pas suffisant non plus, pour une créolité assumée au quotidien. Il faudrait des actions tout au long de l'année. D'où sa proposition de création d'une académie créole sur le modèle de l'académie française, pour que la créolité ne tombe pas dans «la perdition».

Enfin, le seychellois n'a pas manqué de citer un texte du chanteur Patrick Victor, «Ti ena enn komplo pou detrir tou, nou pa ti pou konn zame seki pou nou, nou ti gagn poz dan nou moutia, zot ti fer laloi pou aret sa. Nou soley nou lans sa zot ti oule, me ek le vre nou zot pa ti interese». En rappelant qu'au Seychelles, la loi interdisant le moutia après 18h est toujours en vigueur.

Le Festival continue

Trochetia boutoniana

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