20enm Festival Kreol Seychelles, 20-30 Oktob 2005
Le Secretaire General de l’IOCP en compagnie du Ministre de la culture Mme Sylvette Poole, | ||||
puis remettant le drapeau des peuples Créoles a Mme Penda Choppy de L’Institut Creole des Seychelles. | ||||
Comme nous l'annoncions dans notre précédente édition du week-end (cf. Seychelles Nation du 29 octobre 2005) nous entamons ici la publication de la série d'entretiens que nous avons eus avec les trois réalisateurs créolophiles qui ont participé à la 20 édition du Festival Kreol organisée du 22 au 31 octobre dernier à Mahé. Que peut ressentir en ce moment une star de votre envergure qui passe incognito dans les rues de Victoria sans qu'elle soit embêtée par des journalistes ou des chasseurs d'autographes? (Rire) Un grand plaisir. Tout à l'heure je regardais les arbres qui nous entourent qui sont très anciens et très connus et qui forment partie de cette culture créole qui se trouve un peu partout dans l'Océan indien, dans les Caraïbes etc, et qui est spontanément nôtre. Quand je parle de créole, je parle surtout de cette culture qui est en train d'envahir le monde. Pour moi le monde est en train de se créoliser, en ce sens que les cultures s'interpénètrent. Naturellement il y a une créolité à la base qui nous réunit en ce moment. Connu avant tout comme un grand romancier, vous occupez aujourd'hui une place de choix parmi les réalisateurs de films. Comment s'est opéré ce glissement du roman vers le cinéma? Je suis tout d'abord ce que l'on pourrait appeler un cinéaste en herbe. Ça me plaît aussi de commencer et recommencer de nouvelles choses. J'aime bien arriver dans des métiers en amateur parce que chaque métier a ses règles et, à chaque fois, il faut réapprendre. Ça développe de nouvelles qualités et d'autres zones en nous. Quand on fait un métier et qu'on commence à être assez efficace, on finit par attraper des tics ou des habitudes. Il faut donc aller ailleurs pour avoir cette passion du renouveau. Et c'est ça qui m'a eu au cinéma. Comme je l'ai fait un peu plus tard, à plus de 50 ans, cela me donne une certaine liberté dans la forme de faire le cinéma comme je l'entends. C'est-à-dire un cinéma plus proche de ma littérature mais qui est un mélange de fiction et de non-fiction, de rencontres, de réalités, de rêveries et de fantasmes mélangés. C'est l'expérience du roman qui m'a permis de penser à un cinéma de ce genre. Et je crois avoir fait du cinéma dans mes romans aussi. Partagez-vous avec les gens comme moi ce sentiment que le titre provocateur de votre premier film Comment faire l'Amour avec un Nègre sans se fatiguer a beaucoup contribué à son succès que la qualité du film lui-même ? Il y a le film et le roman. Dans ma tête, il n'y avait pas ce souci d'un titre choc. Je voulais plutôt faire une littérature qui soit beaucoup plus décontractée. Je voulais faire un livre qui parle à la fois de littérature, de jazz, de toute cette culture moderne que nous connaissons, donc sans aucune prétention. Avec un titre pareil, j'ai pensé toucher les jeunes qui seraient un peu amusés par cela. Mais il n'y a pas de provocation parce que, comme vous savez, la provocation ne dure pas longtemps. Les gens en ont vite assez. Mon livre est là depuis près de vingt ans. Il a été traduit dans dix langues. Il vient d'ailleurs d'être réédité. Il y a une semaine, j'étais en Pologne où on vient de le traduire. Donc je ne pense pas que ce soit de la provocation, parce qu'une provocation ne peut pas durer vingt ans. Ne pensez-vous pas qu'un Nègre au premier abord est choqué par un tel titre. A moins que le mot Nègre ait une autre valeur sémantique en Haïti? Tout à fait! Je viens de Haïti où l'identité est ancienne et profonde. Le mot Nègre a pris des sens en Haïti jusqu'à devenir neutre. Aujourd'hui, dans mon pays, le mot Nègre veut dire tout simplement Homme. On peut dire d'un Européen, ce Blanc est un bon ou un mauvais Nègre. On peut également dire ce Noir est un mauvais Nègre ou un bon Nègre. Donc le mot ne désigne pas une couleur spécifique. Il est neutre. C'est d'ailleurs de ce mot qu'est né le grand essai de Jean Prismas "Ainsi parla l'Oncle", qui a influencé les Aimée Césaire, Léopold Sedar Senghor, Léon Damas etc, dans les années 1930, quand ils créèrent à Paris le mouvement de la Négritude. Ils ne parlaient pas de la négritude dans son sens américain de niger mais ils parlaient de l'essence d'une culture.... Votre film intitulé Comment conquérir l'Amérique en une nuit a été projeté durant le festival. Pourriez nous parler un peu de la genèse de ce film? C'est toujours le principe chez moi de faire un titre amusant. J'ai eu 14 jours pour faire le film, à cause du manque d'argent. Il est né de mon désir de donner la possibilité à des acteurs noirs souvent marginalisés de jouer des rôles centraux et racontant leur univers. Vous savez si on fait un film sur les Seychelles, les Seychellois vont être à l'arrière fond du film, on leur donne pas la parole, on les raconte. Mais dans Comment conquérir l'Amérique en une nuit, les deux hommes ont la parole. C'est leur parole qu'on entend, ce qui n'empêche pas d'entendre l'autre. Parce que le film est fait entre Montréal et Port au Prince. Après plusieurs années, deux grands amis haïtiens se retrouvent à Montréal. Le temps d'un sympathique repas en agréable compagnie féminine, les deux lurons font le bilan de leur vie et leurs fantasmes pendant qu'à la télé, diverses personnalités dressent un amusant portrait de la société américaine. En l'espace d'une nuit nos deux amis tentent donc, à leur façon de conquérir l'Amérique. Mon objectif était de montrer la culture haïtienne aux Québécois, aux Nord-Américains et au reste du monde. C'est pour montrer aussi que l'être humain peut illuminer n'importe quel territoire où il se trouve. Il peut être dans un sous-sol, il peut manger à partir d'un poème, recevoir les gens, comme il peut être dans un château aussi. Vous vouliez faire une juxtaposition de deux mondes, les mondes, haïtien et américain? Il y a juxtaposition dans les grandes scènes d'ensemble. On voit Port au Prince, on voit également Montréal, mais il y a tout de même une relation entre les différents personnages. Êtes vous d'accord que les titres français de vos ouvrages sont soft par rapport aux titres anglais? Par exemple Pays sans chapeau donne en anglais Down among the dead men, Le goût des jeunes filles donne en anglais Dining with the dictator, ainsi de suite... Je ne partage pas cette remarque parce que ces titres sont des chapitres qu'on trouve dans les versions françaises. Et puis on ne peut pas m'accuser d'une part d'être provocateur et d'être par ailleurs trop soft dans un autre titre. Tout cela veut dire simplement que je ne suis pas provocateur. Il faut dire aussi qu'en anglais les gens ont le sens de l'image choc. C'est pour cette raison qu'ils choisissent des titres/chocs. Je pense par exemple que un titre comme Pays sans chapeau est beaucoup plus fort que Down among the dead men... Propos recueillis par Sam
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Colloque international du 26 au 28 octobre 2005 L'avenir du créole dépend de sa fonctionnalité Rapport préparé par Penda Choppy 1. Présentations
2. Relance de "Bannzil kreol"
3. Election du Conseil d'Administration
4. Rencontre du Conseil d'Administration
5. Rencontre de l'Assemblée Générale
6. Première rencontre du Conseil d'Administration et programme du premier terme de l'Association
7. Propositions programme 2006-2008.
8. Autres points soulevés
Rapport préparé par Penda Choppy LENSTITI KREOL, O KAP, MAE, SESEL |