COLLÈGES CATHOLIQUES Prevokbek
76% de réussite aux examens bilingues (kreol/anglais)
Le Mauricien, 8 septembre 2007
La première promotion d'élèves de Prevokbek est arrivée au bout de son parcours et le Bureau d'éducation catholique affiche une grande satisfaction: 76% de réussites aux examens bilingues (kreol et anglais) organisés en juillet dernier. Ce sont là les premiers résultats concrets, connus depuis hier, de ce programme d'études préconisant le kreol comme médium d'enseignement. La remise des certificats qui a eu lieu, hier, fait partie des activités du BEC pour marquer la Journée de la Littératie qui est célébrée aujourd'hui.
Au départ, il y avait des convaincus et des sceptiques. La décision du BEC en 2004 d'opter pour le kreol comme médium d'enseignement dans ses Prevocational Departments à compter de janvier 2005, et par-là même dans le système éducatif formel, relevait du courage et constituait aussi un véritable défi à relever. Mgr Maurice Piat, l'évêque de Port-Louis, y a cru et a donné tout son soutien à ceux qui ont accepté d'adhérer au projet et de le porter jusqu'au bout. "Dan Moris, souvan kreol konsidere kouma enn langaz segon grad me ena enn lekip ki finn kroir dan sa proze-la e zot finn al jusqu'au bout. Azordi zot pe gagn rezon", a dit avec un brin d'émotion, hier matin, Mgr Piat lors de la cérémonie de remise de certificats qui s'est déroulée au collège BPS à Beau-Bassin, en présence des parents d'élèves. Pour l'évêque de Port-Louis, les efforts individuels dont ont fait montre ces 214 apprenants pendant ces trois ans d'études ainsi que le taux de réussite global de 76% constitue une lueur d'espoir dans le combat contre l'échec scolaire. "Mo remersye zot finn montre ki ena posibilite konbat esek skoler e zot finn ouver enn simin pou tou bann seki pe vini apre zot", a ajouté Mgr Piat à l'adresse de ces premiers bénéficiaires de Prevokbek.
La remise des certificats a aussi été l'occasion pour les responsables du BEC de rappeler les différentes étapes ayant abouti à la mise en pratique du Prevokbek. Jimmy Harmon, le coordonnateur des PVD catholiques, a résumé les objectifs de ce programme d'études et la réussite des premiers élèves en ces termes: "Nou finn montre zot enn nouvo simin pou enn nouvo lavi."
Au total, 214 élèves de 10 Prevocational Departments catholiques avaient pris part à cette évaluation bilingue en juillet dernier et 74% y ont réussi. Une performance qui ne peut que réjouir les responsables du Prevokbek. "Ce programme d'études fait appel aux compétences de l'élève dans sa langue maternelle pour l'apprentissage des langues et d'autres matières. Les résultats de cette évaluation confirment que le facteur langue est déterminant dans l'apprentissage et que le kreol morysien a été un élément catalyseur dans le Prevokbek", ajoute M. Harmon.
Tout en reconnaissant que l'évaluation menant à un diplôme ou à une attestation est une étape importante dans tout projet éducatif, les concepteurs de Prevokbek soulignent que la finalité de ce programme d'études n'est pas tant l'obtention d'un diplôme que de s'assurer que l'élève sait lire, écrire et compter au bout d'une période déterminée et que ces notions de base en écriture et en lecture lui permettent de réfléchir et de raisonner face aux difficultés. Et on souligne que cet objectif de Prevokbek rejoint la notion de littératie telle que définie par l'UNESCO.
Dès la semaine prochaine, le coordonnateur de Prevokbek et ses proches collaborateurs, aidés d'autres professionnels de l'éducation, commenceront une analyse approfondie de ces résultats ainsi que de la performance des élèves dans chaque matière. Mais le BEC est aussi préoccupé par les 25% d'élèves qui n'ont pas pu atteindre la moyenne. "Il est important de connaître les facteurs qui les ont empêchés d'atteindre la moyenne et il se pourrait que pour beaucoup d'entre eux, les difficultés scolaires remontent à la maternelle. Mais je suis certain que parmi ces 25%, il y en a qui connaissent l'alphabet et qui arrivent à identifier certains mots. Ce sera un autre volet de notre analyse", indique Jimmy Harmon.
S'agissant de l'avenir de ces 75% d'élèves qui ont obtenu leur diplôme hier, le BEC peaufine un projet pour une quatrième année de formation dans les centres technique diocésains. A ce sujet, le BEC compte faire appel à l'Empowerment Programme.