La scène
politique rodriguaise est dominée par deux forces politiques, l’Organisation
du peuple rodriguais (OPR) de Serge Clair, et le Mouvement rodriguais de
Nicolas Von Mally. L’émergence de ces deux partis résulte d’une prise de
conscience de la « spécificité rodriguaise » qui caractérise la démarche
politique de ces deux partis.
L’OPR de Serge Clair avait pour objectif de donner au peuple rodriguais une
identité propre et ce, dans le cadre de la République. L’émergence de l’OPR
était une réponse aux attentes des Rodriguais à fonder un parti politique qui
puisse répondre à leurs aspirations.
En 1967, le PMSD de sir Gaëtan Duval raffle les deux sièges de Rodrigues avec
comme députés Guy Ollivry et Clément Roussety, et en 1976, c’est au tour de
Cyril Guimbeau et de Nicol François. Mais aux élections de 1982, l’OPR fait
entrer Serge Clair et France Félicité au Parlement. C’est le début des années
de gloire pour ce parti. Il s’affirme de plus en plus et règne en maître dans
cette île. La progression de l’OPR est indéniable et l’opposition est
quasiment inexistante.
En 1982, Serge Clair a pour colistier France Félicité et en 1983, ils seront
réélus comme députés. Toutefois, alors que France Félicité est nommé
ministre, une cassure va s’opérer au sein de l’OPR. France Félicité formera
son parti, le RPR (Rassemblement du peuple rodriguais). En 1987, Serge Clair
et Zita Jean Louis sont élus et en 1991 et 1995, Serge Clair et Benoît
Jolicoeur sont élus comme députés.
Actions politiques aux antipodes
Entre-temps, Nicolas Von Mally, qui s’était retrouvé aux côtés de France
Félicité prend ses distances et forme le Mouvement rodriguais (MR). Cette
année 1995 voit l’entrée de Nicolas Von Mally au Parlement en tant que Best
Loser. Celui-ci va s’affirmer et marquer sa différence avec Serge Clair.
Si les deux hommes croient dans l’autonomie rodriguaise, leurs actions
politiques sont aux antipodes. Pour le MR, Serge Clair mène une politique de
centralisation – centré autour de sa personne. Le MR, selon ses dirigeants,
prône, lui, une politique d’ouverture et estime que l’OPR a étouffé les
énergies créatrices du peuple rodriguais.
Quant au leader de l’OPR, il estime qu’il faut instaurer la discipline et
combattre les fléaux qui rongent le peuple rodriguais, notamment la
consommation excessive d’alcool. Serge Clair mène son combat pour instaurer
la dignité dans le peuple rodriguais et pour insuffler une direction à son
devenir.
Il en fait son cheval de bataille.Toutefois, les dernières semaines ont
exacerbé encore plus les relations déjà conflictuelles entre Serge Clair et
les membres du MR. Ces relations ont pourri le climat politique dans l’île.
Les chefs politiques se regardent en chien de faïence et ne se saluent même
pas. Le pays semble divisé en deux groupes distincts, chacun ayant ses
partisans bien ancrés dans leurs partis respectifs.
Serge Clair reste, pour beaucoup, une figure emblématique, mais il semble que
le temps a fait son œuvre. Serge Clair et l’OPR se retrouvent aujourd’hui
dans l’opposition et affûtent leurs armes pour d’autres combats. Le MR, de
son côté, n’a pas dit son dernier mot.
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